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CONFINS / OUTSIDE IN INSIDE OUT

CANCALE, MY VILLAGE LOCKED DOWN
BRITTANY, MARCH 2020

J’ai vécu trois ans dans un village, c’était la campagne à la mer, le paradis pour une Parisienne. Seulement les confins sont arrivés, je venais d'emménager et les gens que je connaissais depuis peu habitaient à vingt minutes de route. Et lors du premier confinement on ne savait pas combien de temps ça durerait, je me souviens de cette sensation de temps qui s’arrête pour une durée indéterminée, et je ne peux pas me plaindre puisque mon appartement était grand et que j’aime la solitude, mais évidemment, ça a été long.

Alors j’ai fait comme tous les photographes de la Terre, je suis partie en reportage, sans commande, pour moi-même.

Les rues fermées, les passages piétons ont l’air d’être d’étranges vestiges. La signalétique me semble soudain obsolète. Je vais courir tous les jours, comme d’habitude, mais il y a des barrières qui nous empêchent d’accéder à la digue. Un kilomètre, c’est trop peu pour mon jogging habituel. Les gendarmes m’arrêtent quand un jour je traverse la barrière - ouverte. Les places de parking toujours occupées sont vides. Le code entier de la route me semble appartenir à un temps englouti.

Les restaurants, nombreux sur le port, sont évidemment fermés. Je découvre mon village autrement, vidé de ses habitants, de ses touristes et ses passants. Chez moi je photographie les fleurs, comme un tas de gens pendant le confinement j’en achète encore plus que d’habitude. Je me raccroche à ce que je peux faire. Photographier, même si c’est immortaliser le vide.

Et il y a la nature. Qui seule semble rester fidèle à elle-même. Je crois qu'elle me sauve.

 

I lived in a village for three years, famous for its beauty and often full of tourists from France and Europe. The countryside by the sea, it was heaven for a Parisian like me.

I moved there a few months before lockdown. The people that I had just met lived twenty kilometers from me - and we were only allowed to walk one kilometer from our homes in France then.

I remember the first lockdown, when we didn’t know how long it would last. I can’t complain as my apartment was big and the outside was beautiful. But, of course, it was long.  

So I did what every photographer did around the world: I took photographs of my emptied town.  

Streets locked, signs on the floor seemed like weird vestiges. I felt like the signage was obsolete. I ran every day as usual, but barriers prevented me from going where I would usually run. It was absurd, as the sea was not contaminated. Parking lots, usually crowded, were emptied. Traffic laws felt like they belonged to an engulfed era.  

The port is full of restaurants, which were of course closed. I discovered my village with new eyes, emptied of its inhabitants, tourists and passers-by.  

At home I photographed flowers. I bought even more of them then, as so many people did during lockdown. I clung to what I could do - photograph, even if it was immortalizing emptiness.

But, there was nature. That was my good fortune. Nature probably saved me.

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